Ilhouelle, petit florilège sur la grossesse

Arriiiiilan ! Presque une année pour reprendre ma clume, contraction de plume et de clavier, presque une année sans écrire, sans partager, sans publier. Point de mal à cela en soi, bien que l'envie m'en tiraille très souvent, on se laisse porter par le temps, par la vie, par les activités... On ne prend pas le temps de prendre le temps de faire ce qui nous tient à coeur vraiment. Enfin si, mais pas tout. Une semaine que je suis bloquée au lit pour cause de rhume carabiné qui ne part toujours pas, j'ai enfin le temps de me poser un peu. Je m'y remets donc, pour le moment :)

Si je voulais jouer les circonstances atténuantes, je pourrais dire aussi qu'une jolie chose toute ronde qui prend de plus en plus de place dans mon corps m'accapare totalement l'esprit depuis maintenant sept mois, et qu'il est donc tout à fait logique que je ne pense plus à écrire ! Mais ce serait un peu faux, car au contraire cette chose toute ronde me donne plein d'élan et d'inspiration :) La grossesse, -je me suis toujours demandé qui avait bien pu inventer un mot aussi moche pour décrire quelque chose d'aussi beau, et pourquoi tout rapporter à cette éternelle question de poids et ne pas l'appeler plutôt "la merveilleusesse", ou "la bébéesse", je sais pas, quelque chose de positif !- bref, cette période que la vie m'offre de découvrir depuis quelques mois, est unique autant que magique.

Ilhouelle, c'est le nom que l'on a donné à notre mini-nous, ne sachant pas au début s'il s'agissait d'une fille ou d'un garçon ;) Et que mes parents utilisent encore, préférant garder la surprise jusqu'au bout... (je n'ai définitivement pas hérité du gène de la patience ni de l'un ni de l'autre !).

Chaque future maman le racontera à sa manière, chacune le vit à sa façon, toutes les grossesses ne sont pas toujours idylliques ou évidentes, on vit aussi des coups durs auxquels on ne s'attendait pas, mais quand c'est voulu et que ça marche... on découvre alors qu'on avait l'impression d'avoir déjà atteint dans nos vies un seuil d'amour et d'empathie maximal, alors qu'en fait il n'en n'est rien... Ce petit être encore en formation est déjà le centre de toutes nos attentions, et d'un amour hallucinant qu'on ne se connaissait pas. On développe une vraie relation, on a la sensation, peut-être absurde, de faire tout ce qu'on fait à deux... On se parle, on se sent, on se ressent. On rêve, on imagine, on prépare, on profite. On pleure de joie, de bonheur, de rien aussi très souvent :)

On angoisse, on culpabilise. Alors ça oui ! Je crois que j'ai ouvert la page de l'anxiété pour toute ma vie là ! Chaque jour qui passe s'accompagne de milliers de questions : et si le mouvement que je viens de faire lui avait fait mal ? Et si j'avais mangé un aliment mal lavé et que cela infectait son petit corps ? Et si j'avais trop tiré sur mes forces et que je l'avais épuisé aussi ? Non, je n'ai pas le droit d'être triste ou stressée car il paraît que ça impacte le bébé, mais rien que d'avoir cette pensée me fait encore plus stresser ! Pourquoi je sens moins de mouvements aujourd'hui ? Quelle est cette douleur que je ne ressentais pas avant sur ce côté de mon ventre ? Ah le médecin vient de dire que son poids ou sa taille n'est pas parfaitement dans les normes, que vais-je faire ? Ces fameuses NORMES dont on s'abreuve sur internet en lisant à tord quantité d'articles et de blogs sur combien devrait peser et mesure un foetus à chaque semaine de son développement. Ces questions nous épuisent, et c'est fort dommage d'en faire autant. De la surmédicalisation pendant la grossesse (et apparemment pendant l'accouchement aussi, mais je ne suis pas encore en mesure de pouvoir en parler), au piège des forums et des idées reçues sur ces neuf mois si particuliers, petit florilège des quelques leçons que j'en ai tirées jusqu'ici :

  • Ne jamais, jamais, jamais aller sur les forums (j'ai fini une nuit aux urgences étant persuadée d'avoir la poche des eaux rompue, et ce n'était qu'une petite infection...)
  • Ecouter tous les conseils qu'on nous donne par politesse, mais ne pas se calquer trop dessus, ne pas croire tout ce que chacun raconte avec tellement de certitude
  • Choisir un gynécologue qui soit détendu, à l'écoute, et surtout surtout rassurant. La mienne donne peu d'examens à faire, est super positive et évite d'entrer dans les questions des normes qui font si peur. Son credo, annoncé dès le premier jour : "ce n'est pas une maladie, vivez votre vie pleinement, RDV dans 9 mois avec un magnifique bébé dans vos bras". Pour avoir eu une précédente expérience bien moins apaisante côté suivi médical, démarrer avec ça fut psychologiquement parfait. Certes je fais moins de tests, de contrôles et d'examens que nombre d'autres femmes enceintes, mais tout va pour le mieux et cet accompagnement très humain me correspond parfaitement.
  • Suivre les cours de préparation à la naissance : attention ça peut être un peu anxiogène au début (en tous cas pour celles comme moi qui ont une peur bleue de l'accouchement depuis toujours), mais très vite briser le tabou permet de le dédramatiser, de se l'approprier et d'avoir envie de le réussir au mieux. La préparation orientée autour de l'accouchement physiologique offre une compréhension du fonctionnement de ce rituel de passage, et nous donne le plein de forces pour en faire un beau jour, sans subir tout le jour J. Bon, je sais... facile à dire avant, mais mentalement ça aide énormément à se préparer. J'ai le plaisir de suivre ces cours avec Laetitia Rustenmayer, sage-femme, qui propose des formules adaptées à chacune et exerce son métier avec passion.
  • Se faire plaisir dans le shopping bébé tout en restant raisonnable, les magasins et le marketing nous feraient acheter n'importe quoi, et on se perd dans la surconsommation au lieu de se centrer sur l'essentiel
  • Travailler sur soi, s'attendre à ce que son corps change : on peut prendre du poids, voir des imperfections comme l'acné ou les vergetures apparaître, ne plus rentrer dans rien, devoir acheter des vêtements XL, avoir les jambes et les mains qui gonflent... Heureusement la grossesse est géniale donc on accepte facilement tous ces petits changements, mais il arrive aussi régulièrement qu'on regarde les corps des autres femmes autour de nous et qu'on se dise qu'on doit faire notre deuil d'un corps de jeune femme... C'est un vrai travail, et je n'en suis qu'au début puisque toutes les mamans que je connais me disent qu'après l'accouchement ce sera encore plus compliqué. Mais je garde espoir et je m'y prépare doucement :)
  • Boire boire boire : j'en suis à 3 à 4L d'eau par jour en ce moment (il faut dire que c'est plein été) et rien ne me fait plus de bien que de l'eau ! Bien sûr, les toilettes sont mes meilleurs amis, mais ça c'est depuis le début ;)
  • Profiter de cette période pour prendre soin de soi : y aller un peu molo par rapport à avant, ne pas s'arrêter de vivre mais apprendre à ne pas se donner à fond dans tout, le boulot, les activités, la maison... Pour moi c'est sûrement l'un des aspects les plus difficiles, apprendre à lever le pied, apprendre à déculpabiliser de sortir du bureau à l'heure tous les jours, de ne pas aller demander plus de challenges et plus de travail, renoncer à certaines sorties ou activités... Mais au fond, cette retenue m'apprend beaucoup sur moi-même, et me permet aussi de mettre le temps libéré à bon escient : être avec soi-même, écouter son bébé et faire connaissance, lire, s'intéresser à la méditation ou à d'autres pratiques, échanger avec sa famille et ses amis, faire plus de Skypes avec mes lointains proches, se projeter dans l'avenir, dormir... 
  • Oser parler, de ses peurs, de ses angoisses, avec ses proches et surtout avec le futur papa. On nous a tellement vendu la grossesse comme une période uniquement magique et positive, que lorsqu'on passe par des phases de déprime, de tristesse ou de stress, et je ne parle pas d'une crise de larmes qu'on associe banalement aux hormones, je parle de vraies périodes qui peuvent durer plusieurs jours voire semaines, où on a peur de tout, où plus rien ne nous intéresse, et bien on a peur d'en parler, de se l'avouer, et de l'avouer autour de nous, on se dit alors qu'on n'est pas normales, qu'on est déjà une mauvaise maman, qu'on devrait exploser de joie chaque jour... Car on a appris qu'on devrait se sentir tellement bien, sur un nuage pendant neuf mois, qu'on n'a pas le droit au négatif. J'ai réalisé que c'est pourtant loin d'être la réalité, on reste un humain avec ses doutes et ses stress, ses périodes in et ses périodes out, et s'autoriser à oser parler de ce qui ne va pas, ou tout simplement accepter ces baisses de moral, c'est quelque chose d'essentiel.
  • S'inscrire à des cours d'aquagym, ou simplement en piscine libre : c'est un bonheur, une libération pour moi de me sentir flotter, toute légère dans l'eau, libre de mes mouvements, au frais... Vingt minutes ou demi-heure suffisent, pas besoin d'en faire trop, juste quelques mouvements qui font du bien, qui détendent, musclent un peu, renforcent la respiration. Du bonheur. Il paraît que le yoga est génial aussi en prénatal, mais je n'ai pas essayé, comme je le disais plus haut on ne peut pas tout faire... Et il faut apprendre à ne pas en faire trop. 
  • Manger sain, manger à sa faim, se faire plaisir mais ne pas croire qu'il faut manger pour deux. Tout le monde nous pousse à manger beaucoup, mais je ne crois pas que ce soit la bonne approche. On a grandi avec ces clichés, mais in fine il faut s'écouter et apprendre à manger raisonnablement, et surtout équilibré. Chose que j'ai totalement raté, et qui est d'ailleurs l'une des choses qui fait culpabiliser, surtout quand on lit toutes ces mamans et futures mamans parfaites qui mangent si bien... Mais au fond je crois qu'il faut dédramatiser aussi, essayer au mieux, mais le plus important est de ressentir de l'amour et de la joie pendant ces neuf mois. 
  • Ne pas trop s'habituer à être traitée comme une princesse ! Certes c'est agréable, surtout ici au Maroc, les gens sont adorables et ne te laissent rien porter ou rien faire qui puisse être contraignant... Mais combien de mamans m'ont dit que c'était un piège, car une fois bébé là, tu te retrouves reléguée au second plan et bien plus sujette aux critiques qu'aux louanges que tu as connues pendant ces jolis mois ! Le monde n'aura d'yeux que pour ton bébé... et le choc peut être rude. Et puis à trop accepter les faveurs auxquelles peut avoir droit une femme enceinte, comme un enfant on finit par ne plus rien vouloir faire par soi-même, par se victimiser et se fragiliser alors qu'on peut tout à fait mener une vie normale en suivant quelques simples précautions.
  • Essayer de ne pas passer son temps à avoir peur de ne pas y arriver, même si c'est impossible de ne pas se poser ces questions ; on ne sera jamais une maman parfaite, mais on l'aimera de tout notre coeur, et le reste, on l'apprendra du mieux qu'on pourra
  • Partager tout cet amour et tous ces ressentis avec ceux qu'on aime et qui ont envie de partager cela : le papa, les familles, les amis, les collègues... Beaucoup de mamans n'aimaient pas qu'on leur caresses le ventre, moi je me dis toujours que mon bébé ne recevra jamais trop d'amour et d'attention des gens qui l'entourent ! Enfin ça c'est pour la partie dans mon ventre, une fois sorti je pense bien que je verrai les choses différemment ;)
  • Etre heureuse, parler à son bébé, lui raconter tout ce qu'on fait, lui jouer de la musique ou lui en faire écouter... 

On peut pleurer d'émotion, on peut rire comme pas possible, on peut se projeter, on peut rêver, on peut imaginer... Un bébé nous transperce d'émotions nouvelles, on met du temps à réaliser que c'est une réalité. Je n'en suis qu'au tout début du chemin, et mon mini-nous m'a déjà conquise... A chacun son parcours, son histoire, son regard. Tout évolue aussi, on est plein d'espoirs, d'illusions, de rêves, certes, mais ne les brisons pas trop vite, car ce sont eux qui nous emmènent, à notre rythme, à la rencontre de ce petit être.

Rendez-vous dans quelques mois... <3

Gawria Aromatisée

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